Objectifs de la séquence
C’est la première fois en remplacement (GS) que j’ai été amenée à travailler sur le célèbre album « La Chasse à l’ours », de Michael Rosen, illustré par Helen Oxenbury. En Grande section, cet album peut être exploité à la fois en compréhension de lecture et découverte de l’écrit et pour une sensibilisation au texte original en anglais. L’objectif est alors d’amener à une oralisation en anglais de l’histoire.
La Chasse à l’ours est un bijou de la littérature jeunesse. Les pistes d’exploitation en sont nombreuses. Celles que je vous présente dans cet article reflètent le cadre dans lequel je suis intervenue, à savoir un remplacement de deux semaines. Les activités visaient à travailler l’oralisation du texte en anglais et dans une moindre mesure la découverte de l’écrit.
Quelques précisions sur la version lue en classe :
Deux traductions
Il existe deux traductions officielles de l’album édité par l’École des Loisirs : une première traduction réalisée dès 1989 par Claude Lauriot Prévost et une seconde réalisée par Elisabeth Duval pour la première parution à l’École des Loisirs. Par la suite, l’École des Loisirs a décidé de privilégier la traduction de Prévost. C’est cette dernière qu’on retrouve dans les albums actuellement commercialisés car elle a été considérée comme de meilleure qualité.
Pourquoi me suis-je préoccupée de ce détail ?
Le titulaire de la classe avait collé sur son exemplaire de La Chasse à l’ours des papiers pour recouvrir les cadres d’onomatopées. Par transparence, j’ai vite remarqué que les onomatopées collées différaient de celles imprimées. Curieuse, j’ai enquêté sur la raison de ce changement, et c’est ainsi que j’ai découvert cette histoire de double traduction. Qu’est-ce qui diffère entre les deux ? Principalement, la traduction des onomatopées, et à la marge, celle du texte.
Le choix du titulaire de la classe
Le titulaire avait conservé la traduction de Prévost pour le texte et choisi les onomatopées traduites par Duval. Je dois vous avouer que je suis restée perplexe face à ce choix… Parce qu’à vrai dire, je trouve les onomatopées de Duval passablement mauvaises, tandis que le texte traduit par Prévost diffère sensiblement de la version anglaise. Bref, si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais a minima opté pour le texte traduit par Duval et les onomatopées de Prévost.
Mon choix pour l’avenir
J’ai bien sûr respecté le choix du titulaire et lu à ses élèves le texte tel qu’il l’avait adapté. Mais j’ai aussi décidé qu’à l’avenir, je lirai cet album à ma sauce, de façon à me rapprocher du texte anglais. J’ai donc élaboré mon tapuscrit personnel dans lequel j’ai mixé les traductions de Prévost et de Duval. Concernant les onomatopées, mon choix est plus radical : je ne les traduirai pas. Tout simplement parce que mon objectif, même en GS, est une sensibilisation à l’album en anglais. Ne pas traduire les onomatopées aura l’avantage d’aider les élèves à se repérer dans le texte anglais : ils entendront des onomatopées avec lesquelles ils sont déjà familiarisés.
Les tapuscrits des deux traductions officielles et de ma version :
Les séances en français
Séances de lecture : la découverte et la compréhension de l’histoire
Ce sont des séances classiques de lecture. Elles ont pour objectifs d’amener les élèves à comprendre, mémoriser et échanger autour de l’histoire. La structure répétitive de la narration induit une lecture fractionnée en 4 temps :
- Lecture 1 (pages 1 à 4), pour découvrir le contexte de l’histoire et la structure du texte,
- Lecture 2 (pages 5 à 20), pour découvrir les lieux traversés et remarquer la répétition narrative,
- Lecture 3 (pages 21 à 26), pour remarquer la rupture de la narration avec la rencontre avec l’ours,
- Lecture 4 (pages 27 à 32), autour de l’épilogue de l’histoire.
Ateliers : quelques fiches d’activités en découverte de l’écrit
Durant la première semaine, en parallèle avec les séances de lecture, j’ai proposé quelques fiches d’activités en ateliers, dans le domaine du langage écrit.
La reconstitution du titre en lettres scriptes et son écriture en lettres capitales :
La reconstitution de la ritournelle :
Outre la manipulation de l’écrit, l’objectif de cette activité est d’ancrer la mémorisation de la ritournelle. Cette activité requiert plusieurs séances successives :
- Une séance de manipulation des mots des deux premières phrases : repérage des mots identiques, des mots courts et longs, des signes de ponctuation.
- Une séance pour la manipulation des mots des phrases 3 et 4.
- Deux séances de reconstitution sur fiche, avec plus ou moins d’étayage selon les élèves : modèle éloigné ou proche, nombre d’étiquettes à placer…
Il faut photocopier la fiche au format A3, pour faciliter la manipulation des étiquettes-mots.
Le repérage de mots dans la ritournelle
Comme l’activité de reconstitution, l’objectif de cette activité est d’ancrer la mémorisation de la ritournelle.
Les séances en anglais
Une vidéo comme support d’écoute en VO
Pour l’écoute du texte anglais, j’ai diffusé une vidéo absolument fabuleuse : celle où Michael Rosen interprête lui-même son album, avec en fond les illustrations. Cette vidéo a été enregistrée à l’occasion des 25 ans de la parution anglaise de l’album et publiée sur un site dédié à l’événement. La gestuelle de Michael Rosen, sa diction claire et intelligible en font le support idéal pour une écoute en VO.
Le tapuscrit de cette vidéo est téléchargeable sur le site anniversaire : Transcript of Michael Rosen performing We’re Going on a Bear Hunt
Après trois ou quatre visionnages, les élèves avaient mémorisé la ritournelle en anglais. Ils répétaient également les phrases « We can’t go over it, we can’t go under it », en plus des onomatopées qu’ils connaissaient déjà. Il était temps de passer à la mise en gestes et en mouvement de l’album en anglais.
Autre support d’écoute : le CD audio qui accompagne une édition anglaise que j’ai achetée sur Amazon. Cette version est une bonne alternative à l’interprétation de M. Rosen.
Une mise en scène de l’album
Point d’orgue de la séquence : les élèves ont mis en scène l’album avec leur corps. En salle de motricité, j’ai diffusé la bande son de la vidéo. Les élèves ont rythmé l’écoute en parlant, en marchant de différentes façons et en reproduisant de mémoire les gestes de Michael Rosen. Je montrais au fur et à mesure des illustrations plastifiées A4 des lieux, pour les élèves les plus en difficulté au niveau mémorisation de l’histoire.
Flashcards de KizClub.com que j’ai redimensionnées au format A4 :
Je peux vous assurer que le résultat a été bluffant. À tel point que l’AVS de la classe a demandé à filmer la scène pour la montrer au titulaire. Bref, une séquence courte et efficace, qui a amené en deux semaines des élèves de GS à prononcer sans timidité quelques mots en anglais. Je retenterai l’expérience dès que possible, même avec des plus grands.