Au gré de mes remplacements en maternelle, j’ai pu expérimenter les ateliers autonomes (les classiques « ateliers individuels de manipulation » issus de la pédagogie Montessori). J’ai observé la façon dont les collègues les exploitaient dans leur classe et j’ai également élaboré mes propres ateliers lors de remplacements de plusieurs mois. À présent que je suis titulaire dans une classe de GS, la mise en place d’ateliers autonomes était une évidence pour moi.
Je vous présente dans cet article les ressources théoriques qui ont guidé mon organisation, l’aménagement matériel dans ma classe et le brevet de suivi individuel destiné aux élèves.
Mes sources théoriques
La pédagogie Montessori
J’ai découvert les principes de base de la pédagogie Montessori en 2000, à la naissance de ma fille ainée. Je l’ai donc d’abord expérimentée dans un cadre familial, alors qu’elle était encore très confidentielle dans les écoles et réservée à quelques établissements scolaires privés.
Les blogs de partage pédagogique
Bien que connaissant leurs principes, je n’ai pas testé les ateliers individuels de manipulation en classe tant que j’ai été enseignante à Paris en cycle 3. Mais j’ai suivi leur essor dans les écoles maternelles publiques grâce aux articles des collègues blogueurs. En premier lieu, ceux de la Classe de Luccia, pionnière dans le domaine et qui a même publié son fonctionnement dans des ouvrages des éditions La Classe.
Des ouvrages théoriques
Dès ma titularisation en maternelle au printemps 2021, j’ai commandé les ouvrages de Luccia :
J’ai fin aout acheté la trilogie « Aménager les espaces » des éditions Retz. Je suis en cours de lecture, et je vais probablement modifié mon fonctionnement initial sur la base de ces ouvrages.
Mon fonctionnement en ateliers autonomes
J’ai élaboré des activités dans tous les domaines disciplinaires de la maternelle. Elles sont placées dans des plateaux ou des boites entreposés dans un meuble dédié.
Dans les trois meubles de gauche sont placés les ateliers mathématiques. Dans le meuble central les ateliers en lien avec l’écriture. Dans les deux meubles de droite, les ateliers d’arts visuels, de motricité fine et de vie pratique. Au-dessus du meuble, je placerai d’autres ateliers de langage écrit, au fur et à mesure de ma progression dans la période.
Pour la période 1, une quarantaine d’activités sont proposées. Il y a pour l’instant une surreprésentation des ateliers mathématiques et pas assez d’ateliers de langage écrit. Il faut que je fasse évoluer cette proportion dans les prochaines périodes.
Quelle utilisation en classe ?
Les élèves accèdent librement à tous les ateliers autonomes, dès lors qu’ils ont du temps libre : le matin à l’accueil, après avoir fini leur travail en ateliers dirigés. Je ménage également un créneau d’ateliers autonomes pour un groupe durant mes temps d’ateliers dirigés.
Les premiers jours ont permis de définir les règles d’utilisation des « ateliers du meuble blanc » : où se placer pour les réaliser (sur une table libre ou au sol sur un tapis individuel), comment les réaliser (présentations collectives ou individuelles dans les premiers jours), comment les ranger…
Les ateliers sont des ateliers autonomes, mais pas forcément individuels. Il y a en général suffisamment de matériel dans chaque plateau pour que l’atelier soit réalisé à deux. Je constate d’ailleurs qu’il est rare qu’un élève soit seul lorsqu’il réalise un atelier autonome : il y a toujours un autre élève pour a minima le regarder et commenter !
Après deux semaines d’accès libre aux ateliers, je vais proposer aux élèves de compléter leur brevet individuel de suivi.
Le brevet de suivi des ateliers autonomes
Le brevet de la Classe de Luccia
La présentation du brevet de suivi des ateliers autonomes m’a beaucoup questionnée depuis fin aout. J’ai envisagé dans un premier temps de reprendre la trame du brevet proposé par Luccia sur son site et dans son ouvrage « 250 ateliers autonomes en GS ». Il a l’avantage d’être très complet puisqu’il classe les activités par domaines et mentionne pour chaque activité la compétence travaillée et la consigne.
Bien qu’elle ne propose pas de version modifiable de sa trame de brevet, Luccia suggère elle-même en commentaire de son article de reproduire cette trame pour y insérer ses propres photos d’ateliers assorties des compétences et consignes correspondantes.
Une version 1 peu convaincante
Voilà, sur la base du brevet de Luccia, le brevet que j’ai élaboré pour les ateliers dans le domaine du langage :
Cette présentation est incontestablement séduisante. La maquette visuelle est agréable et les informations pédagogiques sont complètes. Mais… Mais non, cela ne me convenait pas :
- un format trop grand (pages A4) alors que les élèves, je le sais d’expérience, vont déposer leur brevet sur leur table de travail ou sur leur tapis de sol ;
- trop de photocopies pour un livret qui sera à renouveler pour les 5 périodes ;
Et surtout, ce qui m’a décidé à chercher un autre format, c’est le fait qu’il y ait beaucoup d’informations écrites. Alors oui, c’est complet. Mais à qui est destiné le livret ?
- À l’institution, c’est-à-dire aux collègues ou inspectrices susceptibles d’observer le fonctionnement de mes ateliers ? Certes non ! Je dispose d’autres documents centralisateurs présentant les ateliers autonomes qui serviraient ce but.
- Aux parents qui auraient ainsi un compte-rendu complet par période des compétences travaillées avec les ateliers, ainsi que les activités détaillées grâce aux consignes ? Là oui, c’est intéressant. Mais l’ENT de la classe est un support plus adapté pour expliquer les ateliers autonomes aux parents.
Finalement, une conclusion s’impose :
- Le brevet est destiné aux élèves ! il ne faut pas le formater en fonction des besoins des adultes. C’est un outil que les élèves manipuleront au quotidien. C’est en fonction de l’utilisation qu’ils en feront qu’il faut l’élaborer.
La version 2 finalement adoptée
Le brevet final se présente sous la forme d’un livret A5 recto-verso, soit 4 pages A5 d’ateliers. Les informations y sont réduites au strict minimum : la photo de chaque atelier, ainsi que 3 cases à cocher. Les 3 cases à cocher visent à inciter les élèves à recommencer un atelier déjà réussi durant la période.
Les avantages de cette présentation :
- Le brevet de suivi est économique en photocopies : une feuille A4 recto-verso (à comparer aux 4 feuilles A4 recto-verso minimum dont j’aurais eu besoin avec la trame de Luccia). Tellement économique que j’ai décidé de l’imprimer en couleur.
- Il est d’une taille facilement manipulable par les élèves (format A5), il ne prendra pas de place sur leur espace de travail.
- Il contient la seule information utile pour les élèves, à savoir la photo de chaque atelier. À quoi bon proposer un document qui indiquerait des compétences et des consignes ? Mes élèves de GS ne savent pas lire, et je tiens à limiter au maximum les distractions visuelles sur les documents de travail qui leur sont destinés.
Les inconvénients :
- Les activités ne sont pas classées par domaines (même si en réalité, je les rassemble par domaine sur le document, mais les élèves ne le perçoivent pas).
- Il n’y a pas d’indication de compétences travaillées, ni des consignes de réalisation de l’activité.
- Le document est dense dans sa présentation. J’espère que les photos en couleur permettront aux élèves de s’y retrouver. Si cela s’avère nécessaire, j’allègerai la présentation pour les brevets suivants, quitte à augmenter le nombre de pages du livret.
Les autres documents élaborés pour la mise en place des ateliers autonomes
Dans un prochain article, je parlerai des autres documents que j’utilise pour préparer les ateliers autonomes de chaque période :
- les tableaux excel qui récapitulent tous les ateliers déjà envisagés pour les périodes à venir. J’y répertorie les activités dont j’ai déjà le matériel, ainsi que des idées d’ateliers glanées chez les collègues et dont je dois me procurer le matériel.
Ces feuilles excel ont vocation à s’étoffer au fil des mois. L’objectif est de disposer, à la fin de l’année scolaire, d’une banque d’ateliers visualisables dans un document unique. - les étiquettes qui servent à la signalétique des ateliers. Elles sont fixées dans le meuble blanc et permettent aux élèves de repérer où ranger le matériel.
- le document Word qui liste les ateliers, leur nom, les compétences travaillées et les consignes. C’est un document à visée institutionnelle.
Merci beaucoup pour ton retour d’expérience, tes ajustements et docs modifiables. De retour en GS après 6 ans en CP, je me questionne à nouveau sur ce fonctionnement. C’est très long à mettre en place car il faut réfléchir à tout en même temps, surtout à l’espace et au côté pratique pour les élèves mais c’est tellement chouette de fonctionner de cette façon quand tout est en place. J’ai bcp aimé travailler ce cette façon il y a 7 ans et n’ai pour le moment toujours pas trouvé mon organisation. J’utilisais un petit cahier 32p (couverture plastifiée), à la couleur du groupe. J’y collais les feuilles de suivi. L’élève pouvais le plier vers l’extérieur pour n’avoir devant lui que la page correspondant à l’atelier choisi. Le cahier permettait de garder une trace de tout ce qui avait été fait en atelier pdt l’année et je le transmettais aux familles à chaque vacances.
Cette année, j’ai changé de classe et travaille à nouveau avec une ATSEM (après 6 ans seule), il nous faut donc encore un peu de temps pour se connaître et tout réorganiser !!! Mais ça va venir et ton site est pour moi une véritable « bible » 🙂
Bon courage à toi !
Merci beaucoup pour ton partage d’expérience ! J’adhère à la présentation minimal des brevets pour les élèves. Je cherchais comment faire les miens, je vais sûrement partir sur le même prototype que toi en mettant les ateliers d’un domaine sur une page.
Bonjour. Merci pour ce partage ! Peux-tu m’expliquer comment tu procèdes en classe pour la version 2. Les élèves mettent une croix lorsqu’ils réalisent l’atelier? Comment valides-tu?
Merci par avance de ta réponse. Bons préparatifs de rentrée !